Un pionnier de l’art contemporain africain s’est éteint, ce mardi 28 octobre 2025 à Douala, quelques semaines à peine après la célébration de son 75ème anniversaire le 2 octobre dernier. Référence incontournable, Koko Komegne a influencé et parrainé toute une génération de plasticiens camerounais. Ses œuvres ont été exposées à travers le monde  et sa sculpture publique Njé Mo Yé implantée au quartier Nkololoun à Douala depuis 2007 est l’une de ses œuvres les plus célèbres.

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Né le 2 Octobre 1950 à Batoufam, Koko Komegne est artiste peintre et sculpteur autodidacte camerounais. Enfant du maquis, il grandit à Yaoundé, Batoufam puis  Douala. Pionnier de l’art contemporain, Koko Komegne a commencé à peindre au milieu des années 1960.

Arrivé à Douala en 1966, Koko Komegne, alors âgé de 16 ans, fait la rencontre du français Jean Sabatier, qui possédait une entreprise spécialisée dans la peinture  publicitaire. Impressionné par le travail du septuagénaire, le jeune adolescent va lui demander de lui apprendre à peindre. Celui-ci va lui opposer un refus courtois en lui disant qu’il n’a pas le temps de former un apprenti. Il va toutefois autoriser Koko Komegne à venir à son atelier le regarder travailler peindre. C’est ainsi que Koko viendra tous les jours à l’atelier de Jean Sabatier le regarder. Face à la motivation du jeune les jours la peinture, il finira par lui apprendre son métier. C’est donc ainsi qu’à partir de la peinture publicitaire Koko Komégne devient peintre. Entre 1966 à 1990, à côté de son art, Koko Komegne pratique de la peinture publicitaire créant des plaques et des panneaux publicitaires.

La fibre artistique, l’artiste Koko Komégné l’a bien avant sa rencontre avec Jean Sabatier. En mai 2025, lors de la présentation de son ouvrage « Koko Sweet Logik » (paru en 2024) à l’espace The Forest Creative Loft à Douala, il confie : « Ma première œuvre je l’ai réalisé à Yaoundé j’avais neuf ans. C’était une sculpture sur bois. » , il poursuit en affirmant « On ne devient pas peintre. La peinture, l’art, est dans le sang. Mais il faut  aussi le découvrir, il faut aussi le savoir, il faut aussi le percevoir et y consacrer le temps qu’il faut ».

L’art de Koko Komegne est essentiellement humaniste, au service de la libération de l'homme. Pour Koko « L’art n’est rien s’il n’est pas au service de l’être humain. L’art n’est rien s’il n’est pas au service de l’homme ». Son style est fondé sur l'Africanité généralement décrit comme un mélange de surréalisme et cubisme.

Koko Komégné se pense comme un artiste rebelle et engagé. Il a joué un rôle crucial dans la reconnaissance des arts plastiques au Cameroun. Koko est également connu pour ses sculptures dans un style particulier  qui déconstruit la représentation des masques africains.  Ses œuvres peintures et sculptures sont dispersés dans des collections privées à travers le monde. « Njé Mo Yé» l’une de ses sculptures publiques majeures est implantée à Douala dans son quartier d'enfance Nkololun en 2007, dans le cadre du Salon Urbain de Douala.

En 2016, il célèbre ses 50 ans de carrière avec une grande exposition rétrospective intitulée « Sweet Logik » à l'espace Doual'art, présentant plus de 200  de ses œuvres.

Koko Komégné aura dédié sa vie à prouver que la création artistique est un acte généreux, Par ailleurs, en octobre 2022, le maitre Koko recevait en résidence un groupe de huit jeunes artistes plasticiennes camerounaises qui forment le collectif New Spirit et à l’issue de plusieurs semaines de formation sous l’encadrement de Koko, le collectif nous présentait l’exposition « Masque à Masque » à l’Hôtel Akwa Hin à Douala sous la direction  la curatrice Louise Abomba.

« Je ne voudrais pas être comme ses africains qui meurent avec la science, qui meurent avec la connaissance. Je les transmets. Mon souci le plus permanent n'est pas n'est pas d'avoir des maisons 20 étages de 50 étages non. Je veux q mon héritage soit immatériel, qu'il soit dans les consciences, les âmes. Qu'il transcende mon passage sur la terre et que je continue à vivre des siècles et des siècles. » disait Maitre Koko à la question de sa motivation à accompagner un telle initiative.

Alors qu’il annonçait officiellement en mai dernier la célébration du 60ème anniversaire de sa carrière en 2026, L’artiste Koko Komegne quitte brusquement la scène ce mardi  28 octobre 2025, à quelques mois seulement de sa grande consécration, laissant une marque indélébile sur la scène artistique camerounaise et africaine.

Par Minette Lontsie