Ulrik Abé, né en 1990 en Côte d’Ivoire, est un artiste plasticien qui s’est spécialisé en communication graphique à l’Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (INSAAC) à Abidjan. Il y obtient un Master, consolidant ainsi une formation académique solide au service d’une pratique artistique profondément personnelle et identitaire. Dès son plus jeune âge, Ulrik perçoit l’art comme un refuge, une échappatoire face aux tourments de la vie quotidienne. Il s’y engage avec intensité, faisant de sa pratique une quête de soi, un voyage introspectif au fil duquel il tente de répondre à ses interrogations existentielles. Son œuvre se construit alors comme un langage symbolique et émotionnel, au carrefour entre mémoire personnelle, patrimoine collectif et expériences sensorielles. Une esthétique singulière : l’Art’boki Ulrik Abé développe une signature visuelle unique qu’il nomme Art’boki, un hommage aux Abokis, ces vendeurs ambulants de boissons chaudes que l’on retrouve dans les rues ivoiriennes. Cette dénomination incarne à la fois un ancrage dans le réel, dans la rue et dans les cultures populaires, mais aussi une volonté de transmutation du quotidien en œuvre d’art. Son travail mêle des matériaux organiques tels que la terre, le café, le cacao, et parfois même du thé, à des médiums traditionnels comme la peinture. Ces ingrédients, chargés de sens, évoquent l’Afrique, la terre nourricière, la chaleur des échanges humains et les racines profondes de l’identité. Ulrik fait un choix délibéré de ne pas utiliser de peinture noire, préférant tirer cette teinte de la pigmentation naturelle du café. Ce procédé lui permet non seulement de créer des nuances de noir riches et vivantes, mais aussi de produire des jeux d’ombres subtils, contribuant à la profondeur émotionnelle de ses œuvres. Techniques et symboles L’artiste se distingue par l’importance qu’il accorde à la texture et au volume. Chaque toile est travaillée comme une surface vivante, marquée par une ondulation caractéristique réalisée à l’aide d’un râteau. Cette ondulation, signature de l’artiste, est polysémique : dans la série Illusions, elle symbolise le voile, la dissimulation ou la confusion de la perception ; dans Unité, elle représente le lien, la continuité et l’harmonie entre les êtres. Parmi ses séries les plus marquantes, on retrouve : « Blues », qui explore la mélancolie et la solitude à travers des tonalités chaudes et terreuses. « Racines », véritable retour aux origines, où les matériaux organiques dialoguent avec les récits de l’héritage africain. « Unité », qui interroge les relations humaines, la solidarité et le vivre-ensemble. Une démarche humaniste Pour Ulrik Abé, l’art n’est pas un luxe mais une nécessité. C’est un moyen de reconnecter l’individu à sa mémoire, à ses émotions, à sa culture. En donnant une place centrale à des matériaux issus du quotidien et à des symboles populaires, il affirme une volonté de démocratiser l’art, de le rapprocher des gens, de leur parler un langage qu’ils comprennent, qu’ils ressentent. Son travail, à la fois sensible, sensoriel et profondément enraciné dans son contexte social et culturel, fait de lui l’un des artistes contemporains les plus prometteurs de sa génération en Afrique de l’Ouest.