Green Planet

DE L’ÉCOLOGIE URBAINE AUX ESPACES NATURELS

De l’environnement, on ne cessera de parler dans les années à venir dans des termes de plus en plus alarmant tant que notre planète est soumise a de profondes crises et catastrophes dont les humains sont en grandes parties responsables. Il s’avérait donc normal que le monde de l’art s’empare d’un sujet que certains pourraient croire tabou et d'autres, sans doute climatosceptique, totalement anodin. Tout comme il s’avérait normal que nous réunissions, pour la circonstance, Harry Messah et Moses Mous, deux artistes aux univers vraiment contrastés, mais conscients des enjeux écologiques planétaires et africains en particulier.

Ces éléments, le peintre togolais Harry Messah les connait bien. Lui dont l’animisme anime la pensée communique avec une nature sauvage, vulnérable, exprimant ainsi son inquiétude face au danger imminent. S’ensuivent des œuvres étranges pour ceux qui les découvrent pour la première fois, encore plus profondes pour ceux, dont l'œil averti, on a découvert dans ce créateur un génie. Harry Messah n’est pas un artiste comme les autres et il revendique ce double statut de “Bad Boy” de la peinture africaine et de folie picturale. Il a déjà son public, ses inconditionnels, ceux qui ont compris qu’il faut creuser derrière la toile pour connaitre le sens de son travail. Harry Messah parle aux arbres, plonge dans les eaux tumultueuses qui envahissent les terres arides, dialogue avec multitude d’animaux familiers ou sauvages pour savoir combien ils souffrent de l’esprit destructeur des hommes. Et de ces histoires tragiques ou mystérieuses, il tire des tableaux dont l’imaginaire est autant introspectif que sa curiosité est exacerbée.

C’est de cette société consumériste et prisonnière de la seule marche que Moses Mous nous parle plus précisément. Originaire de Maroua dans le nord du Cameroun, ce jeune artiste fait partie d’une communauté de jeunes créateurs qui est en train d’imposer son empreinte dans le paysage culturel du pays. Peintre des espaces urbains, des villes, il laisse voir toute une jeunesse en quête d’identité et se prêtant au jeu des apparences ou des modes pour mieux se faire valoir. On n'est pas forcément dans ce phénomène récurrent de la sape qui limite la pensée des protagonistes, mais plutôt dans cet esprit ou la frime l’emporte sur toute autre forme de considération. Mais Moses Mous est bien plus intelligent pour se limiter à ce qu’il considère comme une société du désœuvrement ou l’effet vestimentaire l’emporte la réflexion. Son art figurant tranche en effet par rapport à ce qu’on peut voir ailleurs en Afrique de l’Ouest. À coup de larmes de rasoir, ces visages et ces corps sont mus par une conscience écologique qui rappel que la qualité de notre environnement dépend de nos gestes quotidiens. Il dénonce l’utilisation à outrance des sacs en plastique, sacs qui sont souvent jetés dans la rue alors qu’il s’agit d’une des matières les plus polluâtes dans le monde. La tête enveloppée dans un sac plastique est aussi une double image symbolique, celle de celui qui refuse de voir la réalité, celle de l’absence de conscience écologique. Face à cette posture individuelle, il n'épargne en rien un productivisme qui s'acquitte du développement durable en refusant tout contre technique. O nuages de fumées, combien vous êtes menaçants !

Floreal Duran

Founder “Les Enfants Terribles-Paris”

Commissaires d’Exposition

artists.exhibitions.title