Alun Be est également sculpteur, créant des totems métalliques qui puisent largement dans l'architecture, mêlant rituels, tradition et anticipation futuriste. Il est musicien depuis son adolescence, et bien que la guitare soit son instrument préféré, il passe avec une étonnante aisance d’un instrument à l’autre.

Plus tard, Alun se lance discrètement dans la photographie, et ses œuvres ont éclairé les cimaises de nombreux lieux d’exposition en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe, comme à la Biennale de Dakar, au festival Lagos Photo, au musée de la Photographie contemporaine de Chicago, aux foires AKAA (Also Known As Africa) et 1-54, ou encore au musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Bien qu’il se soit d'abord perçu comme un artiste sans savoir quel medium privilégier, Alun a progressivement adopté la photographie, malgré son aversion pour les catégorisations.

Un homme complet, qui sourit à la vie et reçoit cette même joie en retour, Alun Be a lancé sa première série, Empowering Women, commandée par les Nations Unies. Cette série, présentée lors de l’Exposition universelle de Milan en 2015, met en lumière des femmes déterminées, belles dans leur force et leur volonté. C’est alors qu’Alun se révèle en tant qu’artiste, se consacrant pleinement à la personne humaine, un thème qui traverse toutes ses œuvres.

Parmi ses séries les plus emblématiques, Edification aborde la transition entre le passé et la modernité, représentée par des masques traditionnels et des casques de réalité virtuelle. Ses personnages, souvent des enfants, naviguent dans le temps et l’espace, partageant leur sagesse et anticipant le monde de demain.

Les œuvres d'Alun Be sont toujours très structurées et réfléchies. L'architecte derrière l'objectif se fait sentir, chaque détail est minutieusement étudié. Son regard unique perçoit des nuances subtiles entre des images apparemment similaires, et il choisit avec soin la photo qui, pour lui, se détache comme une évidence.

Pour cette exposition '(Re)Silence' à la galerie Louisimone à Abidjan, Alun Be nous offre un échantillon de sa créativité avec deux nouvelles séries. La première présente des vieux murs de villes traversées à travers le monde, portant en eux toute l’histoire du monde, que seul Alun sait décoder pour notre plus grand plaisir. La deuxième série met en scène une petite fille en robe rouge, souvent en bord de mer, rapportant des masques sculptés traditionnels qu’elle attrape à la ligne de pêche ou qui tournent au-dessus d’elle, suspendus aux branches d’un baobab centenaire.

Le photographe retrouve dans cette série l’esprit d’Edification, mais avec plus de nuance et de contraste dans le traitement des couleurs. Cette œuvre, qui illustre l’enfant porteur de l’avenir tout en étant profondément ancré dans son passé et sa tradition, reflète l’essence même de la réflexion d’Alun sur le monde et ceux qui l’habitent.

Ses œuvres dégagent de grands moments de sérénité, sans angoisse ni peur, une promenade philosophique à travers notre monde et nos vies. Et pourtant, derrière cette sérénité, se cachent de nombreux messages subtils. Comme le dit Alun Be : « L’art doit avoir cette capacité de nous réveiller, de faire bouger nos frontières internes ; sinon, c’est de l’artisanat. »

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