Arébénor Bassène (né en 1974, Sénégal) est titulaire d’un master en civilisations et littératures africaines de l’Université Cheikh Anta Diop (2012-2013), d’une double licence de la même université en anglais et civilisations africaines (2010-2011), d’un diplôme de l’École nationale des arts de Dakar et d’un diplôme d’études supérieures artistiques à l’École nationale des arts du Sénégal (1997-2001). Au Sénégal, son travail a été exposé dans l’exposition internationale de la Biennale Dak’art en 2016 ; dans l’exposition » Jonction » au musée IFAN de Dakar (2017) ; » Regards sur cours » à l’Institut de Gorée (2017) ; à la Galerie Atiss à Dakar (2017) ; au 9ème salon national des artistes plasticiens (2011), au premier mémorial de Cheikh Anta Diop au Centre Culturel Français (1995), entre autres. Il a reçu le prix du Ministre de la Culture pour l’exposition « Salon National des artistes plasticiens du Sénégal » en 2011. En outre, il a reçu le prix de l’UEMOA – » prix de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest » à l’occasion de la biennale Dak’Art en 2016. À l’international, Arébénor Basséne a participé à une exposition collective à l’Alliance Française d’Addis-Abeba, en Éthiopie (2017) et à la Galerie Gery de Namur, en Belgique (2016). A une période où les artistes s’emparent des archives pour proposer de nouvelles perspectives de diffusion et de mise en valeur, le travail d’Arébénor Basséne prend justement la forme de reliquats qui mettent en lumière les récits d’une histoire passée sous silence. Il emploie des matériaux divers, tels que le papier, la gomme arabique – matière première qui fit l’attrait des côtes d’Afrique de l’Ouest pour les navigateurs étrangers, mais aussi l’encre utilisée pour les tablettes coraniques, le fouden (henné), des résidus de bois et des pigments naturels issus de la région de Dakar. Tandis que ses pièces monumentales se tournent vers l’abstraction, avec des paysages de nature dénués de repères historiques, sa pratique récente intègre des éléments figuratifs. Sur ses toiles ou ses papiers soumis à la technique du batik, trempés dans des bains de cire et de couleurs, se dessinent des formes humaines en mouvement – parfois seulement des membres : un bras, un pied, une jambe. Ils matérialisent l’ancrage dans le sol et résonnent comme des évocations de danses traditionnelles diola en Casamance, où les danseurs frappent frénétiquement le sol de leurs pieds. Telles des archives où survivent des indices historiques, linguistiques et culturels, les figures s’épuisent dans des paysages de textures érodées. Les tonalités ocres marquent le passage du temps et sont entrecoupées de bleu, signe de la modernité venant briser la monotonie des couleurs terre. Inspiré par les écritures anciennes, les gribouillis d’enfants, les graffitis de rue, les gravures rupestres ou les balbutiements écrits des malades mentaux, ses œuvres sont parsemées de signes et formes illisibles. L’artiste place le spectateur dans la position de l’historien, de l’archéologue, du psychanalyste, du scientifique, qui, en découvrant des objets inconnus les transforme en objets d’étude – donnant au spectateur plusieurs manières d’interpréter ces archives visuelles. Or cette impasse intellectuelle est indépassable dans ses pièces – seule une approche sensible des formes, des textures et des couleurs est possible.