Couverture de l’artiste Clay APENOUVON, TOGO – FRANCE
Photo de profil de l’artiste Clay APENOUVON, TOGO – FRANCE
Clay APENOUVON, TOGO – FRANCE
Togo

Clay APENOUVON, TOGO – FRANCE

Présentation

Clay Apenouvon est né en 1970 à Lomé au Togo. Enfant, il entretient une relation conflictuelle avec l’institution scolaire. Loin des contraintes imposées par le cadre de l’école, il construit, crée et invente. Ainsi dès le plus jeune âge, c’est dans la créativité que l’artiste trouve la source de son épanouissement. Ayant définitivement tourné le dos à l’école, il entre en apprentissage dans un atelier de sérigraphie. Cette expérience sera déterminante puisqu’elle lui permettra de prendre pleinement conscience de son talent artistique. Fasciné par le pouvoir que l’image peut exercer sur l’humain et maîtrisant les techniques de la peinture et du dessin, il affirme sa volonté de donner à sa création une portée plus grande et de s’accomplir en tant qu’artiste. Il renoue alors avec la lecture et l’envie d’apprendre, puisant dans les livres l’inspiration artistique. En 1992, il quitte le Togo pour la France. A Paris, Clay rencontre de nombreux artistes dont Claude Viallat, figure du mouvement Support/Surface. Il s’intéresse également au mouvement du Nouveau Réalisme dont la création plastique se caractérise par une appropriation du réel. Ces découvertes ont nourri sa réflexion artistique autour de la création de l’œuvre d’art par l’ajout de la substance de l’esprit dans l’objet. L’œuvre est alors la concrétisation tangible de la pensée de l’artiste. Clay Apenouvon découvre ensuite LM plastique noir (film de plastique étirable noir) fréquemment employé dans les échanges commerciaux internationaux pour emballer et protéger des marchandises de toutes sortes. Les propriétés et caractéristiques de ce matériau comme la symbolique que l’artiste lui associe feront de ce plastique un élément récurrent de son œuvre. Les caractéristiques même du plastique sont intéressantes. Il est le matériau avec lequel sont fabriqués les imitations ou substituts d’objets, et dont il fait des œuvres d’art. La légèreté du matériau contraste alors avec le poids des significations que l’artiste donne à l’œuvre. Tirant parti de l’installation comme mode de présentation, sa série « Plastic Attack » questionne la façon dont l’opinion publique se saisit des enjeux écologiques en mettant en avant l’abondance du plastique dans notre environnement. Cette matière envahissante et toxique encore largement utilisée et consommée devient la métaphore de nos paradoxes. La conscience du désastre écologique en cours, des conséquences présentes et futures ainsi que du danger que nos modes de vie font courir à la pérennité de l’environnement est de plus en plus partagée. Pourtant, les aspirations et les rêves s’accomplissent encore souvent à travers des formes de consommation et d’enrichissement. En octobre 2013, Clay Apenouvon est profondément choqué par le naufrage qui s’est produit au large de Lampedusa. En quête d’une vie meilleure en Europe, des milliers de jeunes africains trouvèrent la mort lors de la dangereuse traversée de la mer méditerranée. Clay Apenouvon utilise alors LM plastique noir présent dans de nombreuses œuvres pour rendre compte de ces tragédies humaines ponctuellement médiatisées mais dont il est difficile de saisir l’ampleur et la gravité à travers les articles de presse. Ses œuvres se chargent alors d’une noirceur tragique puisqu’il y établit un parallèle entre la marée noire et les corps des migrants naufragés qui s’échouent sur les côtes européennes. Par cette métaphore violente et dérangeante que les médias lui ont inspirée, l’artiste dénonce l’indifférence des opinions publiques face à ces catastrophes humaines ainsi que la déshumanisation produite par les récits et les débats politiques traitant de l’immigration. Pour rendre leur humanité à chaque individu disparu en mer, Clay place dans ses installations des objets du quotidien comme des jouets d’enfants, des portefeuilles ou encore des chaussures. Ces objets sans propriétaire sont autant de souvenirs de vies et d’éléments d’histoires personnelles. Le caractère ordinaire et universel des objets choisis rapproche le regardeur et ces migrants naufragés en mer donnant aux œuvres une force particulière. Clay Apenouvon utilise également les couvertures de survie employées pour protéger les personnes rescapées d’un naufrage ou dormant dans les rues les nuits d’hiver. Souvent ces personnes sont des migrants. La brillance du plastique avec lequel sont faites ces couvertures est semblable à une feuille d’or. Il s’agit en réalité de l’or des pauvres. La couverture symbolise alors l’expérience des migrants ayant quitté le continent africain portés par l’espoir d’une vie meilleure qui se révèle être une illusion puisque, une fois arrivés, ils se heurtent à une réalité toute autre. Très intéressé par le monde de la danse (en 2019 il collabore avec le corps de ballet de l’Opéra de Paris dans le cadre de Parade for FIAC), Clay Apenouvon s’est tout récemment associé au danseur et chorégraphe Zora Snake pour réaliser « Les masques tombent », une performance qui interroge les séquelles laissées par la colonisation sur le continent africain. Les artistes y abordent la restitution des biens culturels africains en mettant en lumière les enjeux liés au retour de ces objets. Lors de la présentation de la performance, le danseur cherchera à entrer en contact grâce au mouvement de son corps avec trois sculptures incarnant l’esprit des objets jadis spoliés. Durant cette danse, la violence avec laquelle son corps percute parfois le sol fait écho à la souffrance des ancêtres. Avant de rejoindre la scène, le danseur déambule dans les rues. Face à la danse de ce corps, la surprise et l’inquiétude des passants laissent place à la curiosité et la fascination. Cette performance invite les spectateurs à dialoguer avec leur passé : il s’agit de retisser le lien rompu entre ces objets et l’histoire dont ils témoignent. Source : https://clayapenouvon.com/biographie/